Se ressembler




« - A qui je ressemble, moi ? », il a son air boudeur, sous ses cheveux noirs et raides.
« - A papa, de plus en plus ! Le même clown ! … et à moi, quand tu réfléchis… »

Bien sûr, j’ai compris que je ne réponds pas à la question. Mais quoi dire ?
Quand on a su que notre premier garçon viendrait de Corée, je cherchais dans la rue, le tram, les magasins, des ados originaires d’Asie (je ne faisais pas encore bien la différence entre les traits chinois, japonais et coréens). Je me disais : ‘il sera peut être comme ça quand il sera grand’. Puis je cherchais des hommes plus mûrs ‘ … et quand il sera adulte… ‘.
Nous aussi, on ne sait pas à qui il ressemble, et on a du mal à l’imaginer vieillir.

A 8 ans, son père lui ramène un magazine Coréen lors d’un déplacement. Tom exulte. Il feuillette, feuillette encore.
‘-Tu cherches quoi ?’
Il me montre enfin sa trouvaille : ‘un papi coréen ! ‘
‘- Et pourquoi c’est si génial ?’ .. je me doute …
‘- Parce que je serais comme ça quand je serais vieux !’
On a la même curiosité Tom, encore un point commun ! Et une souffrance commune…

Pincement de cœur dans les réunions familiales : « Tu es tout le portrait de ton arrière grand-mère à 30 ans … » Et lui ? Il est bizarrement ‘absent’ quand fusent ce genre de remarques. Un réflexe de protection ?

« - Se ressembler, Tom, c’est aussi avoir les mêmes expressions, la même démarche, des traits de caractère, un même sens de l’humour … Tu nous ressembles beaucoup, en plus beau, avec tes ‘yeux d’amande’. »

Mais il cherchera fatalement dans ses traits ce qui lui a été légué par ses parents de Corée.


Et si nous ne retrouverons bien sûr jamais nos traits physiques dans nos deux garçons, c’est avec un plaisir gourmand que je relève les mimiques et traits de langages qu’ils nous empruntent, comme autant de liens qui nous tiendront bien serrés au chaud dans notre petite famille. Pour longtemps.

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