Ah Solal … Toujours à nous décontenancer, jouer avec nos
émotions … Ce jour-là, il me comble : j’ai droit à un énorme câlin, il se
blottit dans mes bras avec sa peau si douce, ses cheveux qu’on ne peut
s’empêcher de caresser...
« Tu es ma maman préférée… »
Quelle belle déclaration, qui chez certains enfants serait
une formule d’amour maladroite, mais chez Solal recouvre une réalité : il
a eu deux mamans, il peut exprimer une préférence.
Dans l’instant, je savoure et opte pour la formule
enfantine : il exprime son amour voilà tout ! Mais Solal quittant mes
bras m’ouvre une porte sur son cœur et cette douleur qu’il aura toujours en
lui :
« De toute
façon, l’autre, je m’en rappelle pas !... ».
Solal a grandi, et à 10 ans, il est ensevelit sous les
questions liées à ses origines. Cela le perturbe beaucoup. Il est dans le
fantasme.
« Tu sais je me rappelle de ma maman d’Ethiopie, de ma
mamie aussi. Je les vois en rêve… »
Et il prend la parole en classe pour tout expliquer, à l’occasion
d’une leçon d’histoire parlant des orphelins et de la misère : « C’est
comme moi ! ». Et il détaille, il fait son « outing ».
Besoin de faire reconnaître sa différence, besoin de s’affirmer… et ce
questionnement qui le taraude.
« Est-ce qu’on m’a abandonné dans une boîte ? »
me dit-il un soir…
L’abandon casse le ressort si important de la confiance en
soi. Sans cesse Solal cherche les raisons qui ont poussé sa maman à le laisser
poursuivre sa vie sans elle.
« Elle a voulu que tu vives, pleinement, avec toutes
tes chances. Elle t’a confié à nous, et non abandonné … »
Mais je sens que pour l’instant ces mots restent vains.
Nous croira-t-il un jour ? Saura-t-il profiter
pleinement de cette chance ?
Les psys parlent de blessure primitive… et de résilience.
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