Couleur chocolat chaud



« Est-ce que je suis noir, tout au fond ? »
S’interroge Solal, 6 ans, sa bouche (édentée - la petite souris fait des heures sup’ avec lui) grande ouverte face au miroir …

« Et regarde, c’est pas normal, mes mains sont plus claires de ce côté-là ! »

Notre petit garçon chocolat prend conscience de sa différence et se scrute. Nous aussi on y passe : si les autres enfants de l’école sont dits ‘beiges’, je suis ‘rouge’ et son papa ‘poilu’ !

Arrivé dans une nouvelle école, sorti du confort de la maternelle, Solal se heurte aux premiers vrais regards curieux, ou tout du moins, les remarque enfin. Il voudrait être beige, se fondre dans la masse, ne plus être appelé ‘marron caca’, avoir les cheveux raides …

Comme le regard des autres est dur avec un enfant ‘marron’. On sait que les enfants ne sont pas tendres entre eux, mais pourquoi ce besoin de rabaisser l’autre pour sa couleur de peau ? On est quand même dans une société de mixité, de métissage, s’il n’y a pas de blacks près de chez eux, ils en ont quand même vus à la télé ! On est quand même dans l’après-Obama, non ?

La réaction est très différente, y compris chez les enfants, face à un enfant asiatique (et très beau) comme Tom, et face à un enfant africain (et très beau) comme Solal. Une chance pour eux qu’ils soient si beaux d’ailleurs !

Et quand j’évoque ce problème, auquel un petit bout de 6 ans est déjà confronté, on me dit, non sans bon sens, qu’il faut mieux qu’il s’habitue … pour l’avenir. On conçoit donc dans notre pays de liberté et de mixité, que le racisme est partout autour de nous, qu’il va perdurer et qu’il n’y a pas à se battre pour changer cela… Mieux vaut s’habituer.

Allez Solal, un peu de courage, tu vas t’habituer. Après tout, tu sais faire : t’habituer.

Tu t’es habitué à un nouveau pays, de nouveaux parents, des grands parents, un frère, une nouvelle langue, de nouveaux aliments, la neige !… tu peux bien t’habituer aux cons.

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